Les dix choses que j’ai apprises grâce au cancer du sein
Avoir une maladie potentiellement mortelle comme le cancer du sein a souvent pour effet d’altérer notre vision des choses.
Le cancer du sein modifie notre vision des choses, tant au niveau des épreuves que la vie met sur notre passage qu’en ce qui concerne les petits riens du quotidien. Nous avons demandé à l’auteur Sharon Morrison, qui a survécu à deux cancers du sein, de nous faire part de ses révélations.
1. Ouvrez-vous aux gens
Le fait que je sois ouverte au sujet de mon cancer a procuré à mes proches le signal dont ils avaient besoin pour s’impliquer. Même s’ils ne sont pas venus faire le ménage chez moi (ce qui est bien dommage), ils sont restés en contact tous les mois en m'appelant, en m'écrivant (lettres, cartes, e-mails) et en me rendant visite de temps en temps. Ils ont même participé à des courses en mon nom et fait réciter des prières à la messe. En extériorisant délibérément mes sentiments, ils ont vu qu’ils pouvaient exprimer les leurs, ce qui était bénéfique pour tout le monde.
2. ...en particulier à vos enfants
Mes enfants avaient huit, dix et 14 ans lors de mon premier cancer. Les mettre au courant dès le départ m’a semblé être la meilleure solution pour éviter un plus gros problème par la suite. Ma meilleure idée a été de désigner ma sœur comme ma représentante officielle. Ainsi, ils avaient toujours quelqu’un d'autre à qui parler et, surtout, ils pouvaient lui poser toutes les questions qu’ils n’osaient pas me poser à moi. Ils était également avec moi pendant mes séances de chimiothérapie, ce qui leur a permis de constater que cela n’avait rien d’effrayant.
3. Passez une bonne nuit de sommeil
Après avoir passé quelques semaines à ressembler à un zombie et à me sentir comme tel, j'ai étouffé dans l'œuf l’insomnie chronique qui accompagne la chimiothérapie en prenant des somnifères. Mon médecin m’a prescrit de la Zopiclone, un hypnotique (c’est-à-dire qu’il induit le sommeil sans avoir d’effet sur l’humeur ou la sensibilité à la douleur) qui ne crée pas de dépendance. En me réveillant, je me sentais revigorée (tant au niveau mental que physique) et plus que prête à affronter la journée devant moi. Une fois le traitement terminé, je me suis sevrée des somnifères.
4. Secouez vos papilles gustatives
Sans faire perdre le goût à proprement parler, la chimio donne aux aliments une saveur étrange, métallique et désagréable. Pour contourner le problème, j’ai privilégié la nourriture réconfortante qui me rappelait mon enfance comme, par exemple, le poisson pané, la purée de pommes de terre et les biscuits au gingembre trempés dans du thé. Sinon, j'avais l’impression d’avaler du jus de citron vert ou du Schweppes.
5. ...tout en évitant de grossir
On aurait pu croire qu'avec tout ça, j'aurais au moins perdu du poids, mais en fait, lors de mon premier cancer, j’ai pris six kilos et il m’a fallu un an pour les reperdre. Pendant mon traitement cette année, j’ai décidé de faire de l'exercice en espérant que ça m’empêcherait de grossir. J’ai commencé par de la marche, puis je me suis mise au footing en courant d'abord tout doucement autour du pâté de maisons, avant de monter à cinq kilomètres par jour. Et ça a marché : au lieu de grossir, j’ai perdu du poids, et pendant tout ce temps-là, je me suis sentie plus en forme et plus énergique. Je continue donc.
6. Ayez recours à une méthode hippie
Je ne connaissais pas grand-chose à la réflexologie plantaire, mais j’avais entendu dire que ça pouvait être bénéfique dans la gestion des effets indésirables du traitement. Pour être honnête, se faire tripoter les pieds pendant une heure, ça ne peut être qu’une bonne chose, donc j'ai tenté le coup. En fait, je suis allée chez le réflexologue la veille de toutes mes séances de chimio et je suis persuadée que c’est ce qui m’a aidée à gérer le traitement aussi bien, tant au niveau physique que mental.
7. Acceptez vos cheveux blancs
Quand mes cheveux ont commencé à repousser, gris par endroits et blancs à d'autres, j’ai décidé de NE PAS me les teindre. Même si j'avais envie de retrouver ma couleur « châtain doré aux mèches caramel » parce que c’était rassurant, je me suis dit que c’était l’occasion rêvée pour me débarrasser de ma coiffure un peu vieux jeu au profit d’une coupe courte plus cool. Bon d’accord, il y a eu quelques réactions de surprise au départ, mais je suis satisfaite de ma nouvelle coiffure, et quel bonheur de ne plus avoir à me faire colorer les racines !.
8. Même les sourcils?
Malheureusement, mes sourcils n’ont pas repoussé, ce qui fait que j'avais un visage fatigué et fadasse en permanence. Après avoir passé plusieurs mois à me les redessiner au crayon, j’ai décidé d’avoir recours au tatouage. Même s’il s’agit d’un maquillage semi-permanent qui nécessite une retouche tous les ans, ça m’a vraiment changé la vie. D'ailleurs, tous les matins en me regardant dans le miroir, je remercie mentalement mon esthéticienne.
9. Ne laissez pas votre patron vous déprimer
Quand on est atteinte d’un cancer du sein, la dernière chose dont on a besoin, c’est d’avoir à surveiller ses arrières au travail, mais je sais d’expérience que tous les patrons ne se comportent pas avec intégrité. Certains sauteront sur toutes les occasions de vous discréditer au moment le plus éprouvant de votre vie. Même si ça paraît difficile, vous devez vous défendre. Malgré ma peur, j’ai remarqué que l’acte même de prendre position et de confronter mon patron a eu un effet bénéfique sur moi : je me suis sentie plus forte et plus sûre de moi.
10. Rien n’est SI important
Ce genre d'expérience, ça vous transforme intérieurement. À présent, je me sens beaucoup mieux dans ma peau. Je peux pleurer devant des inconnus sans avoir honte ; je peux gérer des situations difficiles sans perdre mon sang-froid ; je peux me reposer sur ceux qui se reposaient autrefois sur moi. Mais surtout, je suis contente de toujours être en vie pour pouvoir continuer à faire honte à mes enfants et, à l’occasion, les rendre fiers du chemin qu’on parcouru ensemble.