La recherche du bonheur
Un article d’Amoena Life sur le pouvoir de la pensée positive a particulièrement résonné avec Ingrid Colclough. En effet, les conseils qu’il prodiguait lui ont rappelé comment elle a tenu le coup face à son cancer du sein.
Lectrice assidue du magazine Amoena Life depuis sept ans, Ingrid a toujours été très inspirée par les témoignages de lectrices relatant leurs stratégies de survie et reste admirative du courage dont tant de femmes ont fait preuve. En janvier 2011, elle s’est rappelé son propre combat pour rester positive au cours de son traitement lorsque sa mammographie de routine a nécessité des examens complémentaires. Prenant son courage à deux mains pour faire face à une mauvaise nouvelle éventuelle, Ingrid avait de bonnes raisons de revoir les stratégies d’adaptation qu’elle avait utilisées par le passé.
Ingrid a découvert qu’elle avait un cancer du sein en mai 2003, alors qu’elle avait 50 ans. « J’ai fait de la chimio avant ma première opération pour réduire la tumeur, mais la lumpectomie et une deuxième excision n’ont pas eu raison de mon cancer, qui s’était propagé jusqu’aux ganglions lymphatiques. J’ai donc subi une mastectomie, suivie d’une reconstruction en juin 2004. » Jusqu’à son diagnostic, Ingrid était de nature pessimiste. « À l’instar de l’auteur Susan Jeffers qui est citée dans l’article sur le pouvoir de la pensée positive, j’ai « toujours eu peur de tout » et, comme elle, je me voyais souvent dans la glace avec "des yeux rouges et gonflés de larmes d’apitoiement sur mon propre sort ». J’étais également sujette à des crises d’angoisse et à des coups de déprime.
Pourtant, du jour au lendemain, mon attitude a changé du tout au tout en me retrouvant confrontée à ce diagnostic de cancer du sein. Sans avoir lu aucun livre sur le sujet, j’ai découvert la pensée positive. Tout à coup, j’étais persuadée que les pensées négatives auraient pour effet de nourrir mon cancer, et donc je devais les reconnaître et chasser chacune d’elles dès qu’elles entraient mon esprit. »
Comme tant de femmes occupées à vivre leur vie lorsque le diagnostic du cancer les frappe de plein fouet, Ingrid, qui est enseignante, avait de nombreuses raisons de se forcer à rester positive. « J’avais très envie de continuer à travailler pendant mon traitement car j’appréciais mon travail et le soutien des autres profs. Quatre jours après l’annonce de mon diagnostic, j’étais censée faire passer une épreuve orale d’allemand aux élèves de terminale de mon lycée. Je savais que ma performance aurait un impact sur le résultat des élèves. » Comme sa fille passait elle aussi des examens, Ingrid a préféré attendre la fin de ses épreuves avant de lui annoncer sa maladie. Ayant de l’énergie à revendre, Ingrid était bien déterminée à ne pas laisser son cancer se mettre en travers de ses projets. En effet, cet été-là, elle avait prévu de se rendre en France pour suivre un cours destiné aux professeurs de français, et ce malgré le fait qu’elle serait sous chimiothérapie.
La quête du bonheur
Même s’il est vrai qu'en « faisant semblant » de se sentir d’une certaine façon, à terme, on peut réellement finir par se sentir de cette façon-là, Ingrid appréhendait à l’idée d’avoir à faire bonne figure en permanence, et c'est bien compréhensible. « J’avais le sentiment que je devais à tout prix trouver un moyen d’être heureuse malgré mes soucis, le manque de sommeil permanent et les effets indésirables de ma première chimio, lesquels étaient vraiment désagréables : j’avais des aphtes très douloureux qui m’empêchaient de manger des solides et même de sourire. Mais heureusement, je n’ai perdu mes cheveux que durant ma deuxième séance de chimio. »
C'est cette détermination de ne pas laisser son cancer lui dicter la vie qui a poussé Ingrid à écrire, deux jours après l’annonce de son diagnostic, une stratégie de survie alors qu'elle venait de passer une autre nuit blanche. « Comme je pensais que ce serait plus facile de m’y tenir si je la montrais à quelqu’un, je l’ai envoyée à mon supérieur au lycée. J’ai emprunté mon premier conseil à Terry Waite, qui a survécu à cinq ans d’isolement suivant son enlèvement par des militants palestiniens : « S’apitoyer sur son sort est hors de question. » Ensuite, j’ai fait une liste de choses simples que j’aimais et je me suis promis de me faire plaisir en m’en offrant une chaque jour. »
Sans même le savoir, Ingrid suivait l’exemple de plusieurs best-sellers de développement personnel. « Parmi les choses que j’ai décidées de faire, la plus utile a été d’écrire un « journal de pensées positives ». Chaque nuit, avant de me coucher, j’écrivais une liste de mes moments positifs de la journée. Même si celle-ci avait été en grande partie stressante, douloureuse et frustrante, je me forçais à me concentrer sur ses aspects positifs, aussi infimes soient-ils. Par exemple : une jolie fleur ou un nuage de forme insolite que j’avais vus, le son d’un rire d'enfant, un morceau de Mozart qui m’avait réchauffé le cœur ou encore un bon bain chaud qui m’avait relaxée. Je m’interdisais formellement d’inscrire quoi que ce soit de négatif. Avant chaque entrée, j’écrivais en rouge une citation du poète italien Cesare Pavese que j'avais trouvée sur une carte de méditation : « On ne se rappelle pas les jours, on se rappelle les instants ».»
Cette stratégie a eu l’effet garanti par les auteurs de développement personnel : en cherchant activement des moments agréables, Ingrid est parvenue à s'en créer au quotidien. Même si elle reconnaît que la tâche n’a pas toujours été facile, elle a découvert, au cours de sa chimio, de nouveaux moyens de se rendre heureuse. Ainsi, elle s’est inscrite à des cours d’art-thérapie et, avant son opération, elle a même réussi à persuader son mari de l’accompagner à des cours de danse de salon.
L’autohynose et la relaxation se sont également avérées efficaces : « Ayant appris l’autohynose 20 ans plus tôt pour m’aider à surmonter une autre crise, j’ai redécouvert son utilité. Par ailleurs, l’excellent hôpital qui me suivait, le Royal Marsden, situé à Sutton, m’avait procuré une cassette de relaxation basée sur la visualisation des couleurs. Combinée à l’autohynose, cette technique m’a beaucoup aidée. J’ai effectué ces exercices plusieurs fois par jour, en particulier lors des moments de fatigue, et à chaque fois, ils m’ont revitalisée. Je recommande vivement cette technique. »
La folie du chapeau
Lorsqu’elle s’est mise à perdre ses cheveux à la suite de sa deuxième séance de chimio, Ingrid a eu plus du mal à rester positive et à dissimuler sa maladie à sa fille et à ses élèves jusqu’à la fin de leurs examens. « Ils sont tombés pendant le week-end. Il ne me restait plus que quelques mèches qui dépassaient de mon chapeau ! Heureusement, comme il faisait très beau et chaud, j’ai pu porter un chapeau estival. Ma fille était tellement concentrée sur ses révisions qu’elle n’a pas remarqué que j’avais le chapeau sur la tête toute la journée ! Vu qu’il lui restait encore neuf jours d’épreuves, je m’apprêtais à trouver un prétexte quelconque pour partir de chez nous et continuer ainsi à lui cacher mon état quand il m’est venu une idée de génie.
La directrice du lycée m’a autorisée à
exploiter ma malchance au profit d’un événement de bienfaisance
amusant. L’idée, c’était de demander à mes collègues de me sponsoriser
pour que je porte des chapeaux originaux pendant neuf jours. L’argent
récolté irait à un hospice pour enfants qui venait juste d’être
construit dans le quartier. Cet événement a été une grande réussite. » À
mesure que les chapeaux s’entassaient sur son bureau, Ingrid s’est
prise au jeu du déguisement : « Alors que jusque-là, je m’étais
toujours habillée avec retenue, voilà que, pour le plus grand plaisir de
tous, je mettais des turbans et des chapeaux extravagants avec des
grosses boucles d’oreilles. Les élèves m’ont demandé de porter un
chapeau en forme de grenouille particulièrement ridicule, et je l’ai
même porté en cours pendant que des parents visitaient l’école. » Une
somme de 1000 livres a été récoltée grâce à cette initiative.
Sept ans après son diagnostic, Ingrid continue de positiver. « Quand je repense à cette expérience qui a bouleversé ma vie, là encore je suis de l’avis de Susan Jeffers et d’un grand nombre de femmes qui ont contribué à Amoena Life : avoir un cancer du sein a été « merveilleusement enrichissant » et m’a appris à profiter pleinement de l’existence après avoir été pessimiste pendant tant d’années.
À mesure que ma hantise d’une réapparition s’est atténuée, j’ai relâché mes efforts et, désormais, je ne consacre plus de temps à l’écriture de mon journal. Du coup, je ne suis plus aussi joyeuse qu'au cours de l’année où j'ai eu mon cancer. À l’époque, même quand il faisait mauvais, rien que le fait de voir le ciel en ouvrant les rideaux le matin me remplissait de joie tandis que je me disais : « Je suis encore vivante ». Mais je nage tous les matins avant les cours, ce qui me force à respirer profondément et à me vider l’esprit au même titre que les techniques de relaxation. Et puis je n’ai pas encore repris ma mauvaise habitude de broyer du noir en permanence. Je dois m’en empêcher car la vie est trop courte et trop précieuse. Chaque instant compte.
Les examens complémentaires qu’Ingrid a réalisés récemment consistaient en une échographie mammaire et la biopsie d’un ganglion lymphatique suspect au niveau de l’aisselle du côté non opéré. À son grand soulagement, les résultats ont confirmé qu’il ne s’agissait pas d’une tumeur cancéreuse. « En fait, à mon grand étonnement, mon implant mammaire s’était perforé, ce qui avait entraîné une fuite de gel de silicone de l'autre côté, en direction de mon ganglion lymphatique. Apparemment, c’était tout à fait bénin. J’ignorais qu’une telle chose pouvait arriver. Comme quoi, on en apprend tous les jours ! » Grâce à sa stratégie de survie, vivre et en apprendre tous les jours sont deux choses auxquelles Ingrid est très attachée !
La stratégie de survie d’Ingrid
- Évite de t’apitoyer sur ton sort.
- Pense à ta famille.
- Cherche l’affection de tes proches et donne-leur la tienne.
- Recherche la chaleur humaine (celle des chats peut également aider).
- Évite le surmenage.
- Utilise des techniques de relaxation, dont l’autohynose.
- Évite la colère et la confrontation.
- Fais du sport et, si possible, de la danse.
- Le rire est important. Écoute des cassettes drôles - Harry Enfield, I’m Sorry I Haven’t a Clue, Dead Ringers, la correspondance de Jane Austen, le Journal de Samuel Pepys. Regarde des vidéos de Friends.
- Joue et écoute de la musique, en particulier Mozart. Chante dans le bain.
- Lis des livres sur des gens ayant surmonté des épreuves très difficiles.
- Fais plus de travaux d’aiguille : je ne suis pas très douée, mais quand mon frère est mort à l’âge de 24 ans (j’en avais 16), j'ai réalisé deux tricots en même temps et, à ma grande surprise, ils étaient réussis. Cette fois-ci, je vais me mettre à la broderie : la journaliste Kate Adie en faisait même lorsqu’elle était correspondante de guerre.
- Apprends quelque chose de nouveau : j’envisage d’apprendre l’espagnol.
- Parle français : j’y prends toujours plaisir. Je vais essayer de trouver un groupe de conversation.
- Le dessin : je n’ai aucun talent mais, à l’occasion, j’aime bien dessiner des fleurs sur du papier noir à l’aide d’un stylo argenté.
- Cherche à t’amuser : essaye d’organiser des activités simples et amusantes que tu as envie de faire, mais ne sois pas trop déçue si elles tombent à l’eau.
- Emprunte plus souvent des films à la vidéothèque et regarde ceux que tu as toujours voulu voir sans avoir trouvé le temps de le faire.
- À ce qu’il paraît, les bains chauds et les actes courageux sont le meilleur remède contre la déprime : je vais m'en tenir aux bains chauds.
- Écris quand tu en as envie : j’ai un psy imaginaire sur mon ordinateur avec qui je peux « m’entretenir ». Relate tes instants positifs.
- Évite de faire trop de ménage.
- Bois beaucoup d'eau ou d’infusions et, à l’occasion, mange du chewing-gum.
- Fais ton travail avec le plus de professionnalisme possible.
- Embête le moins possible la famille et les collègues.
- Parler fait du bien.
- Souviens-toi : même si demain est incertain, aujourd’hui est une certitude.