Un rendez-vous avec le destin
J'ai pris un bain, maintenant, quoi porter ?
Le confort passe en premier, c'est sûr. Facile à mettre et à enlever ? Absolument. Un peu décolleté ? Hors de question !
Il n'y a pas un jour qui passe sans que je ne pense à mon premier rendez-vous ou encore, à comment se passera le prochain. Mais ce rendez-vous n'est pas comme les autres. Comme d’autres, je rêve d'une fin comme dans les contes de fées, peu m'importe si le trajet apporte son lot de larmes et de déceptions. C'est ce que je veux, c'est mon but ultime, et comme ils disent dans les films (Indian Palace), tout est bien qui finira bien. Et si ce n'est pas bien, c'est que ce n'est pas la fin.
Aujourd'hui, c'est le jour de mon examen annuel. Mon deuxième en fait. Le souvenir que j'ai de mes rendez-vous au cours des dernières années est encore bien frais. Avec tout un lot de consultations, de mammographies, de rendez-vous de suivi, je me souviens trop bien de la torture qu'est la « période d'attente » et à quel point je me suis sentie prise dans un tourbillon sans fin. J'essaie de me rassurer en me disant que cette fois, tout ira bien.
Je ne peux nier que tout au long de l'année, j'ai eu des doutes. Les « Et qu'est-ce qui se passerait si... ? » ou encore : « En ai-je fait assez ? » ou bien : « Quoi faire ensuite ? » sont des questions que je me suis posées et reposées plus d'une fois. Ce n'est donc pas surprenant que, l'an passé, après 5 semaines à attendre mes résultats, qui sont tous revenus parfaits, je me suis effondrée en larmes - des larmes de joie et de soulagement comme jamais auparavant, un vrai tsunami. J'ai eu envie de me mettre à courir aussi vite que je le pouvais - sans savoir où aller, aucune importance. Je voulais sauter, crier et embrasser tout le monde autour de moi. C'était une merveilleuse journée, mais cette attente fut interminable.
Ayant pris la décision inhabituelle d'avoir recours seulement à la chirurgie sans tous les autres traitements ou médicaments, j'ai pris un risque - je le sais. Mais je crois vraiment qu'il faut se fier à son instinct et je sentais que c'était la chose à faire ! Les docteurs nous guident et nous conseillent, mais au bout du compte, c'est nous qui passons au travers de tout ça.
Cette année, j'ai essayé de me garder l'esprit occupé pour ne pas penser à aujourd'hui. Mais alors que je descends les escaliers pour me rendre à mon rendez-vous, je ne peux m'empêcher de retourner en arrière, quand tout s'effondre : les allers-retours sans jamais savoir à quoi m'attendre, m'en faire pour les plus petites choses, en plus de me sentir responsable du chagrin qui envahit mes proches. Je voulais que le monde s’arrête de tourner pour que je puisse débarquer. Ce sentiment n'a duré qu'un temps, mais je me souviens de cette vague d'émotions comme si c'était hier.
Maintenant assise, en attendant que mon nom soit appelé, je prends un moment pour lire un peu - aider à faire passer le temps et garder mon esprit occupé. Pour m'empêcher de penser à ce qui pourrait se produire (encore) si toutes ces petites bosses que je trouve ne sont pas seulement du tissu cicatriciel et que tout doit recommencer. On y est. C'est ici que ça se passe ! C'est aujourd'hui que je le saurai.
La mammographie est la pire étape, je crois. Avant la chirurgie, ça faisait mal, mais maintenant avec les cicatrices, c'est maintenant devenu insoutenable. Heureusement, ils ont obtenu tout ce dont ils avaient besoin la première fois, alors deux mammographies de chaque côté et le tour est joué !
Et là, j'attends encore. Pour un simple examen, cette fois. Il n'y a vraiment pas grand-chose de plaisant à travers tout ce processus, mais ce n'est plus qu'une fois par an maintenant, alors ce n'est pas si terrible. Et puisque je viens de me faire faire une mammographie, ils peuvent tout de suite me donner mes résultats. Et tout est parfait !
Je ne saute pas de joie, mais quel soulagement. Et maintenant toute cette accumulation peut recommencer jusqu'à l'an prochain, pendant que je me remets tranquillement à un nouveau mode de vie plus sain - toujours en pensant faire de mon mieux, autant physiquement que mentalement, mais aussi à un niveau spirituel et émotionnel - en essayant de m'aider, et en partageant mon expérience, peut-être même aider les autres.
Écrit par : Miranda, diagnostiquée en 2013